Bonsoir Mallory. Tu as posé une question concernant la capacité du test "liaisons au sol" réalisé en contrôle technique à caractériser l'état bon ou mauvais des amortisseurs. Franck aussi, qu'il ne désespère pas. La réponse n'est pas simple (on ne peut dire ni oui ni non) d'autant plus qu'une nouvelle réglementation est en vigueur depuis janvier 2007 et il est impossible de dire si une station de contrôle possède un banc à jour. Je vous renvoie sur le site ACTIA qui a absorbé BEM-MULLER à titre d'exemple.
Le cas de Winnie n'a rien d'étonnant, hormis le fait que lorsqu'une efficacité est proche des limites 0 et 100 pour cent, on se trouve normalement en contre-visite. L'efficacité 100 pour cent correspond à un amortisseur qui limiterait la compression du ressort de suspension et qui empêcherait sa détente, de façon à supprimer l'effet de rebondissement du demi-essieu sur le plateau de test. Une efficacité de 0 pour cent correspond à l'inverse. Par conséquent : une suspension bloquée (ou pas de suspension) correspond à 100 pour cent d'efficacité non pas de l'amortisseur lui-même mais de l'amortissement. Une suspension sans amortisseur correspondrait à 0 pour cent si l'amplitude des vibrations de la plaque suffisait à propulser verticalement le demi-essieu avec assez de force pour qu'à la retombée de la plaque la force exercée sur elle soit nulle. Cette condition est rarement remplie, en raison notamment de la limitation de la fréquence des vibrations à moins de vingt coups par seconde. Poursuivons l'explication. Q'est-ce qu'un amortisseur ? Un amortisseur est un dispositif qui va assurer la conversion énergétique d'un milieu discontinu à un milieu continu. Le milieu totalement discontinu correspond à 0 pour cent et le milieu continu à 100 pour cent. En d'autres termes, l'amortisseur est un absorbeur d'énergie. Une illustration du principe de fonctionnement d'un amortisseur d'automobile est facile en se représentant une "pompe à vélo" : Vous bouchez le trou du raccord, vous enlevez le joint du piston, vous laissez les trous qu'il y a dans le piston et vous remplissez le tout d'huile. Il est manifeste qu'il faut pousser la poignée solidaire de l'axe et du piston avec une certaine force, et d'autant plus fort qu'on veut le faire vite. Dans l'autre sens, il faut la même force. Si maintenant vous reposez le joint au bout du piston en ayant pris soin de le découper (judicieusement) de telle façon qu'il bouche la moitié des trous en poussant, vous devrez pousser plus fort pour déplacer la poignée et moins fort dans l'autre sens, le joint se décollant du piston pour libérer les trous : vous aurez réalisé un amortisseur d'automobile (enfin, presque !).
Les amortisseurs d'automobiles (qui ne sont pas de bons amortisseurs, je pourrais m'en expliquer auprès de passionnés) ont une réponse force-vitesse linéaire. Cela veut dire qu'il est facile de les comprimer lentement et qu'il faut de plus en plus de force pour les comprimer de plus en plus vite.
A la détente, le rapport foce-vitesse est aussi linéaire (force proportionnelle à la vitesse) mais il est environ le double. Résultat : lorsque la voiture roule sur des pavés ou bien se trouve sur les plateaux du banc de contrôle technique en test des liaisons au sol, il y a action sur les ressorts de suspension (compression-détente symétrique) et sur les amortisseurs (compression-détente dissymétrique) : la voiture s'abaisse. Ce qui veut dire qu'en moyenne les ressorts de suspension sont plus comprimés qu'au repos : les amortisseurs ont absorbé l'énergie potentielle qui correspond au produit de la masse de la voiture par la différence de hauteur sous caisse et par l'accélération de la pesanteur et ne la restitueront pas sauf en chaleur dissipée.
Il découle de ces considérations qu'un amortisseur chaud n'aura pas la même réponse qu'un froid, en raison des dilatations et modifications de viscosité de l'huile (les variations de volume de l'huile sont compensées par une poche de gaz, mais ce n'est pas le sujet) et autres contraintes mécaniques. Un amortisseur mou (facile à comprimer avec vitesse) donnera une efficacité basse, de l'ordre de 50 pour cent et un amortisseur dur donnera une efficacité élevée à plus de 75 pour cent. Un amortisseur bien choisi donnera une efficacité autour de 70 pour cent. C'est en comparant les valeurs d'un contrôle technique à l'autre que l'on peut déceler l'état des amortisseurs, à condition d'utiliser le même banc et de présenter les mêmes pneus à la même usure et à la même pression (même réponse du bandage). Le jeu dans les biellettes, dans la barre antiroulis, etc n'influe pas ou très peu sur les mesures.
Les amortisseurs doivent être judicieusement choisis en fonction de l'usage et pour les charges appliquées aux essieux.
Pour ma part, j'ai fait monter du Monroe Sensatrac à l'avant et du Gas-matic à l'arrière. Si je tractais une caravane, Je monterais du Sensatrac à l'arrière. Mon efficacité : 71 - 72 et 70 - 74. Deux ans auparavent : 73 - 77 et 43 - 78 ; cette valeur de 43 n'était pas une erreur : en appuyant sur l'aile arrière gauche, celle-ci remontait aussi vite que je l'avais faite descendre. Le phénomène a disparu de lui même au bout de quelques semaines (venturi bouché ?). N.B. Ma pression de pneus AV et AR est de 3 kg à 3 kg 200. Le Sensatrac possède un rapport de pentes (Coef force/vitesse) Compression-détente variable en fonction de la charge et peut-être non- linéaire, mais ce n'est pas le sujet.
Vous aurez compris que je ne suis pas forcément représentatif.
Note : l'application des nouvelles directives devrait renvoyer en contre-visite 30 % du parc des voitures particulières, selon une étude que j'ai lue et dont je suis incapable de me souvenir des références (c'était au mois de juillet).
Mécaniques salutations. Alain.
Bonsoir Mallory. Nous avons vu, dans la démonstration qu j'ai publiée sur le forum (un peu simpliste mais sinon c'est la suite d'équations et je vais me faire torpiller), que l'amortisseur est un absorbeur d'énergie. L'amortisseur d'automobile possède une caractéristique force/vitesse linéaire, c'est à dire qu'on peut écrire, pour déplacer le piston d'une longueur L à une vitesse V : F = k.V , k étant une constante propre à la construction de l'amortisseur (k bas = amorto mou ; k élevé = amorto dur, avec un k à la détente égal au double du k à la compression et plus sur les amortos de course); L'énergeie absorbée W (ou travail) est égale au produit de la force par le déplacement, c'est à dire W = F.L. = k.V.L . Un bon amortisseur va absorber l'énergie de transformation de l'ensemble discontinu (caisse-ressort-essieu) en milieu continu, soit idéalement (caisse-essieu) c'est à dire l'énergie de détente du ressort de suspension. Or cette énergie qui correspond à un déplacement de masse vertical dans le référentiel sol (on a vu que la caisse s'abaisse) est égale au produit de la masse déplacée par le carré de la vitesse à laquelle elle est déplacée. Soit W = 1/2 M.V² . Il s'ensuit que l'amortisseur devrait lui aussi avoir une caractéristique W = k.V².L . C'est le cas des amortisseurs sur certaines machines-outils, centrales à inertie des gros navires, rotors d'hélico, etc... Sur une voiture, ils seraient trop mous à basse vitesse (la vitesse d'écrasement de la suspension sur une bosse dépend de la vitesse linéaire du véhicule) et trop durs à haute vitesse. Ce serait bien pour le comportement routier mais le confort serait sacrifié : impression de yoyo sur les bosses à basse vitesse et impression de tout prendre dans les fesses à haute vitesse, sans compter les réactions sur la direction propres à dérouter le conducteur lambda.
De plus, il serait alors nécessaires de refroidir les amortisseurs, sauf à leur donner des dimensions incompatibles avec l'architecture actuelle des voitures particulières. L'amortisseur d'automobile obéit donc à un compromis à mon sens bien plus commercial que scientifique. Le moteur, par exemple, devrait être monté sur amortisseurs et non sur silent-blocs. Mécaniques salutations. Alain.
_________________ 605 SLI - 2L 8 soupapes - Phase 1 (6BRFZ8) 18.06.1993 215 000 km rouge alhambra modèle de base. 605 SRTI - 2L Turbo - Phase 2 (6BRGX2) 26.09.1996 301 000 km vert sherwood clim semi-auto cuir ADC radio 6030. Mod exp Italie base Suisse (Equivalent EXECUTIVE)
Dernière édition par alc le Dim 11 Nov 2007, 23:55:08, édité 2 fois.
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